La solidarité et le réemploi comme valeurs fondamentales
La ressourcerie des Batignolles naît en 2013 à la station Porte d’Asnière. Au début, c’est un simple squat mis en place par une vingtaine de militants motivés. Ce projet collectif 100% bénévole accueille les usagers le samedi et parfois le dimanche autour d’un bar associatif.
En 2015, le projet évolue et l’association “1000 collectes” est créée avec le début des collectes à domiciles et des ventes. En 2017, la ressourcerie s’installe rue de Saussure aux Batignolles.
Depuis octobre 2022, Michaëla est chargée de mission en alternance au sein de la Ressourcerie. Ce qui la motive c’est “cet aspect de solidarité et de travail en équipe” propre à la Ressourcerie, car ce qui définit une ressourcerie c’est justement le lien entre le réemploi et le social. On retrouve cette idée dans les quatres fonctions d’un tel lieu :
- la collecte de biens de toutes sortes
- la valorisation de ces biens
- la redistribution solidaire via la boutique et un réseau de partenaires
- la sensibilisation et l’éducation à une consommation responsable et à la préservation de l’environnement
En 2022, la Ressourcerie des Batignolles a permis de donner une seconde vie à 205 tonnes d’objets grâce à 22 000 donateurs
La ressourcerie hors les murs
Petit à petit, l’association 1000 collectes a diversifié ses activités. Aujourd’hui, Michaëla travaille sur le projet REMO (pour “REssourcerie MObile”), une ressourcerie hors des murs qui va au contact des gens. L’objectif est de sensibiliser les habitants du quartier, faire connaître les bienfaits du réemploi et tisser du lien social. Ce projet est mené en partenariat avec la mairie du 17ème qui possède un “trimobile”. A raison de trois collectes par mois depuis novembre, ils ont ainsi pu collecter une tonne d’objets et sensibiliser quasiment 300 personnes au réemploi et aux missions de la ressourcerie.
Il est important pour les bénévoles et les salariés que la Ressourcerie Mobile reste dans le 17ème arrondissement de Paris afin de limiter son impact environnemental. Si certaines personnes souhaitent se faire livrer un meuble, il existe des tarifs de livraison au kilomètre pour prendre conscience du coût humain et environnemental que cela implique.
Sensibiliser et créer du lien social dans le quartier passe aussi par l’organisation de nombreux événements allant d’ateliers à des apéros bénévoles, en passant par de grands événements comme la fête de fin d’année, réunissant de nombreux habitants du quartier. Cela passe aussi par d’autres projets comme la Maison des Possibles, un espace citoyen inter-générationnel.
Une concurrence de plus en plus rude
Si la ressourcerie assure une activité dynamique au fil des saisons et des années, Michaëla nous explique que le secteur fait face à des difficultés et n’atteint pas tous les objectifs nécessaires pour faire face aux enjeux climatique. Malgré le travail de sensibilisation mené par les ressourceries, il existe encore des stéréotypes : “Il y a beaucoup de gens qui ne savent pas ce qu’est une ressourcerie, que c’est ouvert à tous. Il y a encore des stéréotypes sur la seconde main : mauvais état, déjà utilisé, pas assez mis en valeur, pas de choix”.
Beaucoup de personnes ne pensent tout simplement pas à donner leurs objets à la ressourcerie plutôt qu’à la déchetterie. Cela peut s’expliquer par une absence de sensibilisation aux problématiques environnementales et aux solutions qui existent pour diminuer son impact carbone. Plus simplement, une absence physique de locaux où déposer ses objets peut être un frein aux pratiques de réemploi.
Paradoxalement, on assiste à l’explosion du secteur du réemploi depuis le confinement, notamment à travers les plateformes de ventes en ligne comme Vinted. Mais ces nouvelles plateformes entrent directement en concurrence avec les ressourceries à la fois au niveau de leur approvisionnement et de leurs valeurs.
En effet, pour Michaëla “le problème avec la vente en ligne marchande, c’est qu’il n’y a pas de sensibilisation faite auprès des clients, donc il n’y a pas moins de consommation”. Ces plateformes peuvent entretenir le besoin d’immédiateté et d’accumulation. A l’inverse, la Ressourcerie des Batignolles a fait le choix de ne pas vendre en ligne et de proposer une vente locale pour des raisons environnementales.
“Il faut changer la norme du je produis, je consomme, je jette”
La culture du réemploi comme vecteur de développement
“Pour développer le réemploi, il faut favoriser la culture du réemploi, soutenir les porteurs de projets du secteur et mettre à disposition des locaux”. Michaëla est convaincue qu’il faut changer la norme du “je produis, je consomme, je jette” en proposant un autre rapport aux objets et au monde.
Malgré ces quelques difficultés, la ressourcerie des Batignolles clôture positivement l’année 2022. La mission de sensibilisation est largement remplie avec plus de 100 animations réalisées au cours de l’année. Les 160 collectes à domicile et les 22 000 donateurs ont permis de réemployer 205 tonnes d’objets. La ressourcerie bénéficie d’un rayonnement important avec plus de 35 000 visiteurs.
Le plus vieil objet de Michaëla
Lorsque vient la dernière question concernant le plus vieil objet que possède Michaëla, elle nous répond “ma première peluche : un pingouin, offerte par mon grand-frère à ma naissance”. Cette peluche représente beaucoup pour elle car elle a une valeur sentimentale forte et symbolise l’enfance et l’amour fraternel.
Nous remercions Michaëla d’avoir pris le temps de nous répondre. Si vous voulez en savoir plus sur La Ressourcerie des Batignolles, rendez-vous sur son site internet. Et si vous souhaitez découvrir les ressourceries/recycleries les plus proches de chez vous, faites un tour sur le site du Réseau National des Ressourceries et Recycleries.