Le secteur routier est à l’origine de 32 % des émissions nationales de gaz à effet de serre en 2022 et émet des gaz toxiques qui provoquent 48 000 décès annuels en France, selon Santé publique France. Choisir de passer à une voiture l’électrique, c’est donc une bonne idée pour le climat et pour la santé publique : si la fabrication de la batterie est polluante, l’analyse du cycle de vie global des véhicules électriques démontre que cette motorisation est plus vertueuse, comme confirmé par le cabinet Carbone 4.
Votre porte-monnaie pourrait aussi s’en voir soulagé, l’électrique supposant globalement des coûts à l’utilisation moins élevés que pour un équivalent thermique. Malgré l’augmentation du prix de l’énergie, le coût de la recharge pour 100 km reste inférieur à celui des carburants fossiles : 3,3 € pour une charge lente. Pour faire des économies et éviter de détériorer la longévité de votre batterie, nous vous déconseillons l’usage des bornes de recharge rapide. Les voitures électriques demandent moins d’entretien que leurs équivalents thermiques : la batterie, le calculateur et le moteur électrique ne nécessitent pas d’entretien ni de maintenance régulière.
Pour garder ces avantages, la voiture électrique doit durer le plus longtemps possible, afin de compenser un impact plus élevé à la production.
Des pratiques complexifiant la réparation
Cependant, dans un récent rapport traitant de l’obsolescence des voitures thermiques et électriques, l’association HOP alerte : les voitures récentes, et en particulier électriques, sont sujettes à de nombreuses pratiques complexifiant leurs réparations : intérieur indémontable des batteries, production de pièces en blocs empêchant leur amovibilité, etc. Cela met en péril leur longévité !
Les constructeurs font en effet la course aux prix bas, et laissent sur le carreau la durabilité des voitures. Ainsi, une BYD Seagull ne vous coûtera que 20 000 € à l’achat, mais à la première panne, vous pourriez bien devoir l’emmener à la casse… L’association HOP a lancé une pétition pour pousser les nouveaux députés européens à faire de ces enjeux des priorités de leur mandat.
En attendant, ces pratiques ne sont pas réglementées, et c’est donc au consommateur de s’informer au moment de l’achat…
Pour éviter les mauvaises surprises, voici quelques points de vigilance :
Réparabilité de la batterie : éviter des coûts explosifs
La batterie représente en général entre 35 % et 40 % du coût de la voiture électrique, et la majeure partie de son impact environnemental : c’est donc le premier point à vérifier ! Votre batterie est généralement garantie 8 ans ou 160 000 km au moment de l’achat. Très peu de constructeurs proposent une garantie allant au-delà, et certaines architectures de batteries rendent les réparations quasiment impossibles, et obligent à la remplacer entièrement à la moindre défaillance.
Une batterie est composée de modules, eux-mêmes composés de cellules. Les modules doivent être amovibles et pouvoir être remplacés en cas de défaillance. Par ailleurs, la batterie comporte aussi d’autres éléments, comme le BMS (batterie management system) ou les systèmes de refroidissement. Ces éléments doivent aussi pouvoir être accessibles pour permettre leur réparation.
La nouvelle tendance est aux batteries peu réparables. Tesla, BYD et d’autres constructeurs extra-européens, collent l’intérieur des batteries pour en réduire les coûts de production. Cela fait des voitures moins chères à l’achat, mais dont les batteries devront être entièrement remplacées à la moindre défaillance : leur couvercle est collé, leurs modules et autres composants sont inaccessibles et donc impossibles à remplacer.
Comment éviter ça ? Pour l’instant, ces pratiques sont encore peu diffusées sur le marché français. Cependant, elles offrent une telle réduction de coûts que les constructeurs européens pourraient bien s’y convertir. Quelques modèles à éviter à tout prix, ayant des batteries “structurelles” :
- BYD : Atto 3 (vous pourrez visionner ici une vidéo de son complexe démontage)
- MG4
- Tesla : Model Y (vidéo de son démontage)
Cette liste n’est pas exhaustive, le marché est amené à évoluer rapidement et nous manquons de visibilité pour de nombreuses marques qui ne communiquent pas sur leur mode de production des batteries.
Vérifier la disponibilité des pièces détachées
Si la majorité des constructeurs garantie la disponibilité des pièces détachées pendant au moins 10 ans, rien ne les oblige à le faire. Malheureusement, la mode est aujourd’hui à la réduction croissante de l’après-vente, incarnée par Tesla lorsque Elon Musk annonce son objectif de “zero service”.
Leur seule obligation : communiquer le délai de disponibilité des pièces avant la vente (article D111-4 du Code de la consommation). Prêtez donc attention à cette information, et préférez les engagements sur dix ans et plus. La non-disponibilité d’une pièce détachée, si elle n’est pas compensée par le marché des pièces reconditionnées ou d’occasion, peut amener votre voiture à la casse à la première défaillance !
Éviter les possibles giga-gâchis
Le giga-casting est un procédé industriel qui consiste à produire d’un seul tenant plusieurs dizaines ou centaines de pièces, généralement faisant partie de la carrosserie. Comme pour les batteries “structurelles”, il suppose un gain de poids et de coût de production, mais n’est pas du tout pensé pour la réparation. Un choc sur une de ces giga-pièces pourrait donc entraîner son remplacement, entraînant un gâchis de matière et un coût économique important.
Si elle risque de se généraliser à l’avenir, cette pratique ne concerne pour l’instant que les modèles les plus récents de certaines marques, par exemple :
- Tesla : Model Y, Model Y RWD Berlin, Cybertruck
- Xpeng : G6, P7 et X9
- Volvo : EM90
- GM : Celestiq 2024
- Nio : ET7, ET5-ES6, ES8
- Huawei : AITO M9
- Xiaomi : SU7
Le giga-casting est souvent présenté comme une avancée technologique de réduction du poids et du prix. Vous ne devriez pas avoir de mal à identifier si un modèle est concerné : les constructeurs ont tendance à s’en vanter.
S’assurer d’être assuré
Une voiture difficilement réparable veut aussi dire des primes d’assurance gonflées. Aujourd’hui, les assureurs français déclarent compenser les primes des différents types de motorisation et de voitures entre elles. Ils ne pratiquent donc pas des prix plus chers pour les voitures électriques comparées aux voitures thermiques. Mais avec la popularisation de l’électrique, et surtout des voitures peu réparables, cette compensation sera de moins en moins viable financièrement pour eux, et ils devront certainement répercuter les coûts potentiels de la réparation sur l’automobiliste. Avant d’acheter votre voiture, pensez à consulter votre assureur pour être certain que vous ne choisissiez pas un modèle à la prime explosive.